2 octobre 2008

Accusation_3

Soudainement, la sonnerie de son portable nous intervint, m’octroyant quelques secondes à recoller les morceaux dans la cervelle.
Il décrocha le téléphone, esquissa habilement un ton d’excuse :
‒ Je te rappelle plus tard. Je suis en réunion.
« En réunion. » Un prétexte de bon aloi, lui permettant d’éviter les explications sans dissimuler son appréciation pour cet appel, établit une complicité privée de mon accord. Rien dans son attitude ne trahit ni l’air penaud ni la moindre gêne. Évidemment, c’était pas la première fois qu’il se servît de ce mensonge pour s’en sortir. Sacré menteur. Le portable replié. Les questions reposées avec un débit de mitraillette :
‒ Vous portez toujours ce sac à dos ? Car le suspect avait un sac semblable au vôtre. Vous êtes sûr que vous n’étiez pas au quatrième étage et que vous n’avez pas volé le portefeuille ?
Il m’approchait de plus en plus en observant à la loupe, d’un regard pénétrant, ma contenance troublée comme pour m’obliger de dénoncer le crime. À défaut d’alibi incontournable, je ne pouvais rien faire qu’y répondre quand bien même cela m’importuna autant, en particulier le soupçon de causticité dans sa voix. Pourtant, sa position n’était pas moins désaventageuse que la mienne, loin s’en fallait. Dénué de preuves assez convaincantes, il joua atout. Je flairai qu’il ne m’harcèlerait plus si j’aurai réussi de retomber sur mes pattes. Comme prévu, n’ayant pas découvert la présence de contradiction dans mes discours, il se recula et se tut un bon moment. Une légère déception se peignit sur son visage. Avant que le clima tendu s’impose à nouveau, je finis par rompre le silence en disant :
‒ Désolé, mais faut que j’y aille. J’ai cours tout de suite.
Sans attendre sa réponse, je me levai, tournai le talon et sortis de la salle.

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