28 juillet 2009

Barcelona

Chaque fois revenu d'un voyage, tandis que les scènes vécues se répètent minutieusement et inlassablement dans les méninges, que mon esprit erre dans ces souvenirs considérés comme définitivement ineffaçable, ayant une forte confiance en la fidélité de ma mémoire, j'estime que les photographies me suffiront, tout en négligeant le fait qu'elles ne trahissent guère les sentiments.
Les vacances se terminent. La vie reprend son cours. Imprimés à peine dans la tête, les souvenirs s'estompent au fil du temps. Quand j'aperçois cette réalité cruelle hors de mon imagination, il ne me reste rien que les images incohérentes dans le cerveau.
Avant de visiter l'Europe du Sud, le problème malfamé de la prolifération du vol soit à main armée soit à la tire en plein jour ne m'était point étrange, d'où ma prudence extrême dès l'atterrissage à Barcelone. Un sac à dos accroché à une veste militaire verte en denim, un portefeuille enfoui dans la poche postérieur d'un jean délavé, traits tendus au regard vigilant, je pressa le pas en direction du quai de métro. Précédé de deux hommes et suivi d'un autre, je montai en empruntant un Escalator muni des boutons d'urgence sur le côté droit de deux extrémités. Je fis un quart de tour pour diminuer la possibilité du vol. Au bout de quelques marches, l'escalier fût arrêté à brûle-pourpoint. J'étais pour autant obligé de me déplacer à pied à la vitesse limitée en raison des gars qui devançaient. Je sentis alors quelque chose gratter ma fesse. Ma première pensée alla au rivet attaché au pantalon mais me rendis compte d'emblée qu'il s'agissait de la tentative de vol. Éperdument transporté de fureur, je me tournai et lui criai en espagnol d'une voix assourdissante : ¿¡Qué está haciendo?! Bouche bée durant quelques secondes puis d'un air innocent, il défendit : Mais je n'ai rien fait ! Pourquoi tu te comportes ainsi ? Au lieu de dévoiler son intention malicieuse, je ne fis rien que le dévisager de mes yeux écarquillés et enflammés de rage jusqu'à ce qu'il se soit enfui de mon champ visuel.

26 juillet 2009

Et Après

Ayant un pouvoir magique, l'histoire pleine d'intrigues parfaitement organisées se déroulant un peu à l'hollywoodienne, me force à tourner la pages l'une après l'autre dès le début de lecture, m'évoque pour la première fois de ma vie de nombreuses émotions en une seule oeuvre : l'éclat de rire, le chagrin, la pitié, l'approbation, la curiosité... Se trouve dans ce roman un tas de points de vue tellement profonds qu'on le ressasse même après la dixième lecture. Une chef-d'oeuvre à ne pas manquer !

21 avril 2009

Danshui sous la pluie

Taipei, jeudi 12 juin : soleil, maximales : 36, minimales : 32.

Sous un grand ciel sans nuage inondé de lueur flomboyante de soleil du midi, autour du campus, les passants, étudiants en majorité, à qui la sueur perle au front, fourmillent ici et là en quête de la nourriture. En un clin d'oeil, les nuages gros et gris d'origine inconnue, se rassemblent puis nous abattent à l'improviste avec une averse, sans laisser le temps de réaction. Chance pour ceux qui se munissent d'ombrelle, ils ne s'exposent pas à ces attaques. Ceux qui comptent sur la météo pressent le pas à la recherche d'un pépin abandonné ou d'un abri provisoire. Il y a aussi des gens qui, quoi que ce soit bien rare, décrochent de son poignet ou sortent de son sac le pébroc et l'ouvrent tout en prenant leur temps. Ils arrondissent le mouvement de ses jambes comme pour parader sa prérogative de cette flânerie nonchalante et sa connaissance sur le tempérament capricieux de cette commune pluvieuse.

Le manteau à capuchon serait plus utile que le parapluie en hiver pour les Européens. Sous la pluie ils arborent un air détaché comme si rien ne s'était passé. Le riflard serait pour eux un objet de trop à la main. Puis, ses baleines les embarrassent dans la foule et sa longueur les force, pendant toute la promenade, à suspendre l'avant-bras. Ce dispositif ne nous protège pas que de la pluie mais aussi du croisement des regards embarassants qu'on essaie d'éviter. À l'abri de cet hémisphère, on est privé des règles de politesse imposantes nous exigeant de sourire aux ceux qui nous embrouillent. Une paix absolue débarque à la suite de la chute de pluie et l'ouverture du parapluie. Cet espace personnel nous éloigne du monde extérieur, des contacts avec l'autrui, du paysage nébuleux. Tant mieux, aujourd'hui on en a besoin. Laissez-moi en paix !

Dans cinq minutes

- Oui, je suis en route. J'arriverai dans cinq minutes !
Il attrapa le trousseau de clés dans le vide-poche, ouvrit la porte et la referma à clé. Un vrombissement au démarrage suivi du claquement de portière. Sur le cadran carré de montre numérique de sa Peugeot flottèrent des chiffres aux contours nets : 8:54. Rencard à 9 heures précises devant un café situé à plus de 30 minutes en voiture de chez lui.
Dans cinq minutes. Ni plus ni moins. Comme si ce n'était pas la peine de faire un appel pour prévenir son retard de 4 minutes. Et celui de 6 minutes impatienterait son partenaire et risquerait même de le filer. Faire faux bond. C'est hors de question. Mis par un sacré menteur égoïste, ce terme fait poireauter le rendez-vous, tourmenté perpetuellement de l'attente de la fin de ce cercle infini aussi bien qu'écransant. Continuellement prêt à retarder la rencontre sous le prétexte pareil, le bourreau, assis paisiblement dans son siège, prend le plaisir dans la course en slalom.
À neuf heures et demi, il arriva.

17 janvier 2009

Au 1er semestre

En dépit de la perte de passion pour l'espagnol de l'Espagne et de la priorité du français dans ma vie, 16 crédits divisés en 2 semestres en échange d'une autre licence m'ont encouragé à reprendre mes études. Je ne regrette pas de ce retour puisque pendant cette période ça m'est arrivé pas mal de choses. J'ai suivi le cursus Master, fait du théâtre, donné des soutients scolairs et des cours de langue étrangère, travaillé dans les divers milieux, sorti la dernière poupée russe, regardé nombreux films et fait des excursions, etc.
A propos du français, celui qui m'a ouvert un autre univers, surtout à travars la lecture. Après la reprise de vie à Taïwan, la lecture et l'écrit réguliers ont contribué au prolongement de mes progrès en français. Depuis son apparition, la cible a été changée, plus aux études. Ça m'a éloigné à pas de loup, élégamment, pas un moindre bruit, si doucement que je ne m'en suis pas rendu compte.
Au départ, c'était de l'amalgame, mais au moins du style innové. Au bout d'un certain temps, ça a été une combinaison parfaite. C'est comme l'eau pour le chocolat. Mieux que le lait, l'eau est un excellent accompagnement pour le chocolat chaud, mais il faut chauffer de l'eau au point d'ébullition afin que ces deux éléments soient complètement unis. Ce processus assure, même lors du refroidissement, une union absolue et la possibilité d'être réchauffé.