10 septembre 2010

Vers l'incertitude

Le vent se lève, lève une odeur fraîche et raffraîchit l'ambiance. Puis règne le silence absolu qui dessine un contrast net avec le brouhaha du marché au grand soleil.
La lune pleine glisse en sourdine ses doigts à travers l'entrebaillement du rideau et les arrête au milieu d'un lit d'une chambre de 33 mètres carrés au 4ème étage d'un immeuble suranné. Dans le lit côté noir, une jeune femme recroquevillée sur le flanc, le dos à la lumière, la tête posée sur l'oreiller qu'elle serre contre ses seins, les sourcils froncés, les yeux bouffis, une boule de mouchoir foissée serrée dans son poing fermé.
À la portée d'un bras, s'allonge un jeune homme sur le dos, inerte, atone, le regard embué de larmes perdu dans le plafond pesé des inquiétudes, des chagrins, des désespoirs, des impuissances et des échecs qui va l'écraser jusqu'à l'immobilité. Dévoré de la peur, peur de ce silence ridicule qui ne sert à rien de rien, de cette distance d'un bras qui l'arrache des bras de Morphée, et qui risque de s'élargir à l'état où il ne pourra plus jamais atteindre, mais aussi peur du refus et de la répugnance à l'égard de son couple à l'approchement, il pense, pense à leurs serments tranchés au début mais mensongers à la fin, aux beaux souvenirs qu'ils partagent, aux obstacles qu'ils s'efforçaient de franchir tout au long de ces années, à leur amour sincère qui ne résulte que d'une épave, à son avenir, à leur avenir construit ensemble, dont le profil s'estompe de jour en jour, qui mourira même pendant la phase embryonnaire, comme leur premier enfant.

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