12 septembre 2008

Accusation_2

‒ Connaissez-vous madame Mei-huei LEE ? me demanda-t-il, d'un regard déterminé et interrogateur.
‒ Non. Pourquoi ? répondis-je laconiquement.
‒ Elle vous a accusé d'avoir dérobé son portefeuille, détacha-t-il les mots comme s'il voulait les charger de sens.
« Mais qu'est-ce qu'elle raconte, cette dingue ? », en guise de consternation, je m'écarquillai les yeux en lui sollicitant de me répéter même si je n'y avais pas manqué une seule syllabe. Dans le dessein de lui prouver mon innocence de ce crime aussi absurde qu'inventé, je m'épuisai à me comporter telle une victime, tout en ignorant que cela ne pût accroître la suspicion. Tant mieux, puisque cette interprétation erronée allait désorienter mon enquêteur et cela me distrairait. J'avoue que je m'engloutis, pendant une période de ma jeunesse, dans de certaines habitudes méprisables et que, de temps à autre, je m'emparais la somme découverte dans la rue par hasard. Récemment, à court d'argent, je ne recours pas pour autant au vol. Tout au moins, jamais depuis mon retour à Taipei. D'ailleurs, je ne connaissais personne qui portait un prénom aussi suranné que le sien.
‒ Si ça ne vous dit rien, continua-t-il, alors, peut-être êtes-vous hai par quelqu’un.
‒ Dans ce cas-là, c'est encore trop n'importe quoi. Ma vie est très tranquille et même ennuyeuse. De plus, la plupart du temps je reste dans la bibliothèque.
‒ Même hier ?
‒ Ouais.
‒ A quelle heure y êtes-vous entré ?
‒ Euh... Vers dix heures et demie.
‒ Êtes-vous monté au quatrième étage ?
Je m’escrimais de remonter ces petits riens évanescents à la surface. Cette recherche me coûta autant que si j’avais dû franchir la mer tourmentée en pleine tempête. Enfin, j’y arrivai puis fournis une réponse qui suggérait l’incertitude :
‒ Bah... Je ne crois pas. Mais ça a rapport à ce que vous m’avez questionné ?
‒ Non, en fait, je vous convoque pour éclairer deux choses. La première, c’est l’accusation de Mme. Lee. Elle a dit qu’elle était étudiante de notre université, mais après avoir vérifié, elle l’était pas. Si elle ne rappelle plus, je laisse. La deuxième, c’est qu’hier a été volé un portefeuille vers dix heures et demie au quatrième étage de la bibliothèque. Et la caméra de surveillance a capté de loin l’image du suspect. Donc, on fait venir tous ceux qui y sont entrés pendant cet intervalle.

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